Un "ptit" texte sur les croquettes ... Flippant !
Rédigé par J.-C. J. le Lundi 14 Octobre 2002
Sylvio Faurez, président du Sdecco, n'y va pas par quatre chemins: «Les chiens aussi sont victimes de la malbouffe.» L'alimentation industrielle, le petfood, a fait son entrée dans les gamelles il y a une vingtaine d'années. Elle représente aujourd'hui la moitié des consommations des animaux de compagnie pour une valeur d'un peu plus de 1,5 milliard d'euros par an que se partagent quelques multinationales de l'agroalimentaire comme Nestlé et Mars-Unisabi. Conseillé par un médecin, spécialiste de physiologie digestive, le Dr Jean-Louis Thillier, Sylvio Faurez mène une croisade pour une alimentation qui respecte la nature de l'animal. «Les petfoods vendus actuellement transforment des carnivores en végétariens, proteste-t-il. On a transformé les vaches en carnivores en leur faisant consommer des farines de viande; et voilà qu'avec les chiens, et même les chats, on procède à l'inverse. Pourquoi l'industrie se soucie-t-elle aussi peu de la physiologie des animaux ?» De fait, il n'est pas rare de relever dans la composition des aliments en sac ou en boîte 20% de poulet pour 80% d'autres composants, à base de riz, de blé, de maïs, de soja, de lin, de sorgho et de pulpe de betterave. Marianne dispose même de la formulation d'un aliment destiné aux bergers allemands, «particulièrement sensibles», contenant de la mélasse de canne à sucre, de la farine de souci (!), de luzerne et de tomate... Le propos de Sylvio Faurez est pour le moins radical. «Un propriétaire sur deux pourrait objecter: mon chien a toujours mangé des croquettes, il a plus de 10 ans et ne s'en porte pas si mal !» Seulement voilà, l'augmentation du recours aux petfoods va de pair avec l'augmentation de l'activité des vétérinaires. Qui, au passage, ont trouvé là un substitut à l'activité déclinante de leur métier dans les campagnes... «Dans mon propre élevage, quand j'ai remplacé les croquettes par de la viande fraîche, poursuit le président iconoclaste, j'ai diminué mes frais vétérinaires de manière spectaculaire.» Diarrhées, vomissements, eczéma, problèmes osseux et même hyperactivité disparaissent lors du changement d'alimentation...
Pis, un tiers des grands chiens meurent de manière prématurée a la suite d'une dilatation-torsion d'estomac. Aux États-Unis, premier consommateur mondial de petfoods avec 25 kg achetés par an et par animal, 60000 chiens succombent chaque année à cette affection.
Responsables, les croquettes qui, digérées trop rapidement, provoquent
des gaz. Pourquoi ? «Ce sont des poubelles, dans lesquelles tout ce qui n'est pas utilisé pour l'alimentation humaine est recyclé, poursuit Sylvio Faurez. Pour fabriquer les petfoods on malaxe des pattes, des plumes, des tripes, les résidus de farines animales destinées aux animaux d'élevage, de la poussière surtout.» Plus grave: selon le Dr Jean-Louis Thillier, cette alimentation est responsable d'une augmentation de l'infertilité des animaux en raison de la présence de phyto-oestrogène provenant du soja; les spécialistes canins ont noté une progression de l'antibiorésistance probablement due à l'envahissement d'OGM dans les céréales; ils ont constaté également des retards de croissance et des maladies osseuses; sans parler des animaux domestiques décédés de la maladie de la vache folle en raison de l'introduction de farines et de graisses animales contaminées par le prion. Environ 1500, selon des évaluations non officielles. Bref, les petfoods n'ont rien d'une alimentation révolutionnaire «choisie par les éleveurs», contrairement à ce que prétend la publicité. Comment les animaux peuvent-ils se jeter sur pareilles gamelles, si éloignées de leurs besoins naturels ? Pour donner du goût aux boîtes et aux croquettes, chaque fabricant confectionne des soupes dont il conserve jalousement la recette, à base de volaille ou de boeuf, qui servent d'enrobages. Mais ce ne sont que des bouillons, auxquels ils ont ajouté des vitamines pour compenser la pauvreté de leurs cocktails. Rien qui permette à la digestion de se faire à son rythme normal. Cette malbouffe répond pourtant à un besoin, celui du maître: elle est prête en quelques minutes et se stocke facilement.
Mer 31 Mar - 15:16
